14 févr. 2014

La parabole de l'infirmier velu

(Attention… âmes sensibles s’abstenir !!)

Suite à mon accident de moto, j’ai dû être opérée une première fois. Le chirurgien a placé une plaque de métal sur l’os cassé et des broches dans les os de mon pied pour maintenir l’articulation luxée en attendant la cicatrisation des ligaments. J’ai été opérée une seconde fois un mois et demi plus tard pour retirer ces broches et permettre à ma cheville de retrouver sa mobilité.

Dans les deux cas, j’ai eu une anesthésie dite « rachi-anesthésie » qui consiste à n’endormir que le bas du corps. Pour cela, l’anesthésiste pratique une injection entre deux vertèbres. Autant dire que je n’ai pas abordé cet instant la joie au cœur ! Pour tout dire, j’appréhendais grave de chez grave… même plus ça que le trifouillage dans ma cheville !

Lors de la première intervention, l’équipe au bloc était assez nombreuse et très sympa. Un infirmier un poil velu (hahaha), avec une attitude un peu « nounours », et pas mal d’humour, m’a expliqué comment allait se passer cette anesthésie. Il m’a indiqué de poser la tête contre lui et m’a serré dans ses bras en appuyant sur mes épaules pour que je garde la bonne position (le dos rond) pour faciliter l’injection. Il m’a également dit de le serrer très fort si j’avais peur. Du coup, même si la piqûre est loin d’avoir été l’expérience la plus agréable de ma vie, ça s’est passé très vite et la douleur a été très fugitive.

Lors de la deuxième intervention, l’équipe était plus restreinte. Le médecin anesthésiste a demandé à l’infirmière de se mettre devant moi, mais elle m’a juste tenu les mains. L’anesthésiste m’a demandé de prendre une position « sac de patate », en baissant les épaules comme si je tenais des sacs très lourds, genre « vous revenez du marché »… On va dire que je suis plus une cérébrale qu’une corporelle… et que même si je visualisais bien l’attitude dans ma tête, j’avais du mal à ce que mon corps reproduise la bonne posture (en plus, je prends une poussette à roulette pour faire le marché !!). Le médecin m’avait aussi indiqué qu’il me dirait quand il piquerait… Il l’a dit, certes, mais une fraction de seconde après avoir piqué… ce qui fait que, dans un réflexe naturel, je me suis raidie ! Injection ratée donc… Il me redemande de reprendre la posture « sacs de patate »… Non, pas comme ça, vous êtes trop tendue (tu m’étonnes Gérard !)… les épaules plus basses… Il repique… encore raté ! Et moins ça marchait, plus je me tendais, moins j’arrivais à prendre cette fameuse posture, plus il se tendait, plus je le sentais s’énerver et moins ça m’aidait à me détendre… Bref, il a dû s’y reprendre à quatre fois et je l’ai senti passer !! Et la douleur dans mon dos a perduré les deux ou trois jours qui ont suivi….

Quelques jours plus tard, en repensant à cette anecdote, je me suis dit qu’on pouvait en tirer une parabole !!

Nous vivons dans un monde imparfait et nous sommes tous amenés à traverser « des piqûres entre les vertèbres », des moments difficiles, avec de la souffrance à la clé. Et comme lors de ma deuxième opération, je me disais que par nos propres forces, il était très difficile de trouver et de garder la bonne posture pour affronter les temps difficiles. On a beau faire du mieux qu’on peut… on morfle ! Mais face aux mêmes difficultés, quand nous nous tenons dans les bras de Dieu, que nous le laissons nous placer dans la bonne posture et que nous le serrons très fort, même si ça reste difficile, l’intensité de la souffrance s’allège !

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